九壺堂茶莊

La rue n’est pas bien large. Son calme résidentiel tranche avec l’agitation des artères adjacentes. Aucune devanture commerciale pour rompre la monotonie des entrées d’immeubles. C’est pourtant bien là, selon un ami de bien, que se cache un thé d’exception.

Au deuxième étage – peut-être était-ce au troisième – la porte s’ouvre sur un petit appartement. Des étagères le long des murs sont encombrées de boîtes, de bibelots et de statuettes. Au milieu de la pièce, trône incongrue une table de massage. Deux femmes, bien entrées dans la quarantaine, toisent le visiteur étranger avec curiosité et amusement.

Derrière une table, où se bousculent des théières de Yixing, siège le maître. D’un geste il invite le visiteur à s’asseoir et prépare avec application un thé de bienvenue. La maladie fait trembler sa main, mais la verse reste précise. Le thé est un morceau d’Histoire. De vieilles feuilles du Fujian, racées et minérales, force tranquille aux notes de cire, de fruit confit et de meuble ancien. Superbe.

Quelques mots échangés par le truchement des femmes et de leur smartphone, des regards, des rires dont on ignore la raison puis de nouveau un thé, de confection traditionnelle, de ceux que Taïwan savourait avant l’avènement et le boum des perles de jade. Doux nectar, énergique et vibrant, dont quelques grammes, les derniers, voyageront jusqu’en Europe.

Le maître quitte la table à thé pour celle de massage et s’allonge sur le ventre. Une des femmes s’en approche et le frictionne de ses doigts potelés.

Je m’éclipse.

Expérience taipeisienne.

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